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 La Jalousie du barbouillé • Sir Andy

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admin • le loup des steppes
Doctor Martens
admin • le loup des steppes

Doctor Martens


Messages : 112
Mort : 1924, Madrid, asphyxie.
Fonction : médecin (ah bon)

La Jalousie du barbouillé • Sir Andy Empty
Message  Sujet: La Jalousie du barbouillé • Sir Andy
La Jalousie du barbouillé • Sir Andy Empty  Mer 12 Juin - 14:00

Another hero
another mindless crime.
Behind the curtain
in the pantomime.
Bravo !
Les acclamations du public font frissonner son échine. C'est le sourd chaos de la foule dans son état excité le plus extrême, c'est le tapage des hommes et les jubilations des femmes, ce sont les cris de joie des enfants, ce sont les applaudissement de tonnerre, ce sont les éclairs des projecteurs et les échos des coulisses, c'est la foule entière qui se lève et qui tape des mains à s'en rougir les paumes, l'ovation est entière, le succès triomphal : on acclame le comédien et metteur en scène.

Bis !
Les roses couvrent les planches et effleurent son beau costume noir ; sa chemise colle à sa peau trempée d'efforts et de victoires ; ses cheveux sont plaqués et mouillés par ses tempes ruisselantes de sueur ; le souffle court et les joues rougies, fardées, lourdes et crispées, il délivre un sourire rayonnant de gloire et de satisfaction ; ses bras se lèvent, ses genoux tremblent ; il salue les spectateurs enchantés.

Magnifique !
Les ladies enlèvent leurs gants pour ne pas étouffer le son, et les sirs secouent leurs couvre-chefs, magnanimes juges incultes, les riches bourgeois ignares comme les lettrés les plus raffinés de la société. Les journalistes s'empressent déjà d'inventer des phrases à la hauteur d'une telle représentation, les critiques entonnent des louanges empressées, monosyllabiques, saccadées, mues par la passion de la scène et des vers ; les jeunes filles sont roses et les étudiants admiratifs.
C'est la scène du triomphe d'une comédie de salon dans un théâtre de Londres.

Quelqu'un aurait fait irruption sur la scène, par les coulisses, surprenant le dos du docteur, et l'appelant par son nom ; il se serait retourné avec nonchalance et aurait dit « Appelez-moi donc Oscar. » Il aurait essuyé son monocle, caressé son menton, peigné ses cheveux avec ses doigts et souri comme le grand dramaturge généreux qu'il pensait être sur le moment.
N'était-ce pas un peu pitoyable ?
Quelqu'un serait entré au Théâtre-Monde et l'aurait surpris dans son fantasme le plus fou : il n'aurait vu que la silhouette du médecin perché sur le bord de la scène, acclamant en silence un public qui n'existe pas, souriant face au vide, euphorique dans le vent.

C'était le rêve d'un vieil homme un peu trop sérieux.

Même la seule personne à laquelle le docteur confiait ses ambitions éteintes d'une voix trop monocorde pour être honnête aurait été étonnée de le voir dans une telle posture.
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La Jalousie du barbouillé • Sir Andy 5yVbd
Andy
Andy


Messages : 59
Mort : Douloureuse.
Fonction : Je te sublime laggle avec mon pinceau jutsu.
Totem : UNE FRITE MDR LOL j'en n'ai pas.

La Jalousie du barbouillé • Sir Andy Empty
Message  Sujet: Re: La Jalousie du barbouillé • Sir Andy
La Jalousie du barbouillé • Sir Andy Empty  Lun 8 Juil - 20:45

Andy se penche sur son passé et renifle, petit morceau d’éternité misérable qui le déprime et lui donne envie de vomir, oui. Une putain d’envie de vomir. Si seulement c’était possible au Huis Clos, il irait certainement se planter tout de suite devant Belphégor, Rhadamanthe, n’importe qui de responsable, et il lui repeindrait les chaussures de son néant bilieux. Mais bien sur, c’est impossible, et puis Andy sait que personne n’est responsable, parce qu’il s’est tué tout seul comme un grand et qu’il ne peut blâmer personne d’autre que lui même, putain, et que pleurer sur sa pauvre petite destinée insignifiante lui ronge les nerfs.

Mais le pire, c’est qu’il n’a pas grand chose d’autre à faire, ici, que de contempler les années perdues à ramper sur le béton Londoniens, à admirer de loin une époque d’avant gardes remuante comme un tas d’ordure infecte, à tenter de se dégoter loin de la masse un trou douillet, mais peine perdu, sans talent, sans les autres, les autres, on ne peut rien. Sourire amer coincé entre deux éclats de pupilles glaciaux. Les autres, cette engeance si particulière qui fait le monde et fait un homme, et vous fait vivre au travers d’une perception primaire. Pourquoi lui a t-on dit non, Andy s’en fou, ha, mais les répercussion de ce non ont été comme une onde de choc, une accumulation de négation  terriblement efficace qui l’ont renversé, pauvre fétu de paille inconsistant et il ne comprends maintenant que toute l’énergie perdue à se débattre pour garder la tête à la surface n’était qu’un mensonge, un rêve, une illusion, un coup d’épée dans l’eau.

Bah.

Andrew à besoins de se changer les idées. Il arpente le Huis Clos comme un fantôme hyperactif, nerveux dans son ennuie, en quête de quelque chose, n’importe quoi, quelque chose à faire bon sang, hé, toi, ça te dis une décoration années 20 genre Chartes d’Athènes ouais, nan, même pas si je te l’a fais à quarante pour cent, hé, connard, de toutes façons y a pas d’argent qui circule ici c’était juste pour rendre service ! Ca se fini toujours de la même manière, bon, il y a des jours avec et des jours sans, des jours où Andy trouve sa clientèle parce que hé, ça manque un peu de décoration vintage post-moderne ici, et puis des jours où les autres, les autres bon sang, on l’air de n’en avoir plus rien n’a foutre que les murs soient tous atrocement uniforme.

C’est l’enfer, putain.

Andy pousse la porte du bureau de Martens avec l’impression confuse que ses pieds l’ont amenés ici pour une bonne raison et c’est presque revigorant, cette sensation qu’il va se passer un truc important, ou surprenant, ce serait déjà pas mal. L’artiste convaincu arpente la pièce du regard sans trop savoir, la tête dans l’entrebâillement, il voit au travers des verres fumés une étonnante propreté, un ordre sous-jacent et intrinsèque au personnage qui ne lui convient pas du tout. Doc est comme ça, organisé et linéaire. En paradoxe, Andy et son bordel existentiel créent une sacrée difformité, mais ce dernier semble ne pas le calculer du tout. Parce que ça l’arrange de considérer Martens comme son pote, hein, ils font de l’Art tout les deux, tu vois, ils partagent un truc puissant, ouais, un dramaturge et un plasticien ça fait un peu le Big Bang de l’humanité, et si tu comprends pas ça, ben t’as rien compris, mec.

Penché au dessus d’une scène invisible, devant un public illusoire, Martens semble absorber dans ce qui se présente pour Andy comme le fantasme d’une réussite méritée. L’Artiste applaudit avec passion.

- Je sais pas ce que tu jouais mon pote, mais ça m’a l’air fameux. »
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