Jennifer Smith admin • the eyes of mars
| Sujet: Prologue : il ne se passe rien. Dim 12 Mai - 6:03 | |
| INTRIGUE, CHAPITRE 00. entre les murs l'homme est une prison L’existence au Huis Clos suit son cours.
Tout est en ordre dans l’Hôtel ; c’est un ordre méticuleux et abîmé par le temps. Les choses s’organisent comme elles semblent l’avoir fait pour des millénaires, transportant seulement avec elles des quantités terribles, astronomiques, dantesques de poussières.
Le temps s’écoule mais il ne va nulle part.
Le bois des murs est comme rongé par les vers, mais il peut s’effriter, ils ne tomberont pas. C’est ce qu’on sait. Tous les Pensionnaires l’ont appris par la force de l’habitude.
Une odeur discrète mais tenace de renfermé s’est installée pour rester, de la réception aux toits. Le drapé des canapés se troue peu à peu à l’usure. La décoration est de plus en plus vieillot. Les habitants des lieux ont appris à laisser cela faire.
Le Huis Clos tombe progressivement en déchéance, mais personne ne fait rien, car il ne s’effondrera pas. Chaque jour ressemblant aux autres, sans soleil qui lève ni horloge aux murs, amène son lot de cadavres sortant du placard, de nouveaux pensionnaires pour l’éternité. Ils peuvent être furieux, malheureux, soulagés, qu’importe au fond ; tôt ou tard, ils seront gagnés par l’ennui.
Et les gens, les gens, c’est la pire des choses ; ils vivent constamment dans la promiscuité choquante des uns et des autres. Ils s’usent réciproquement comme des roches dans un éboulement. Comme l’Hôtel, ils se délitent lentement sans jamais entièrement se briser. Le Huis Clos est une pente ascendante vers le non-être, qu’il n’atteint jamais.
Pourtant, comme sur Terre, rien n’est vraiment noir ou blanc. On se fait à ce semblant d’éternité. Les réjouissances et les douleurs qu’on vous y promet ont peu d’influence sur ce que vous pouvez faire de différent. Il y en a beaucoup qui arrivent à s’y plaire, en prenant en parti les désagréments mineurs qu’offrent les lieux. Et tout coule de source.
Les Damnés et Graciés se côtoient sans qu’il y ait d’affrontement généralisé. Les Garçons croissent régulièrement, avec l’arrivée de nouveaux pensionnaires, et deviennent lentement plus ou moins étranges. Les Mythes font tourner la machine, avec une conviction admirable mais un dévouement en perte de vitesse.
Plus personne ne sait pour qui il faut faire tout ça – est-ce pour le directeur, celui qu’on ne voit jamais ? Mais malgré tout, la mort n’y est pas si désagréable, la majeure partie du temps. Les boiseries au mur ont encore une certaine prestance. Le service de l’Hôtel a toujours un charme désuet. Le Huis Clos est figé dans son immuabilité.
On croirait entendre, parfois, au fond d’un couloir, un tout petit bruit.
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Jennifer Smith admin • the eyes of mars
| Sujet: Re: Prologue : il ne se passe rien. Dim 2 Juin - 13:28 | |
| Le bruit devient persistant.
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Brandon Ehasz admin • l'oeil du faucon
| Sujet: Re: Prologue : il ne se passe rien. Lun 29 Juil - 21:43 | |
| Les murs tremblent. Les pensionnaires commencent à se plaindre.
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| Sujet: Re: Prologue : il ne se passe rien. | |
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